Après avoir assimilé la méthode d’analyse de la santé financière actuelle de votre collectivité : vous pouvez projeter votre collectivité vers l’avenir.
L’analyse prospective suit des principes similaires à ceux de l’analyse rétrospective. Cependant, nous vous proposons ici une méthode à la fois simple et efficace pour aborder une vision financière vers l’avenir.
La méthode du Delta : prévoir et anticiper les évolutions
Il est essentiel de focaliser l’analyse sur les éléments susceptibles de varier. Un raisonnement trop précis risque de manquer d’efficacité en se focalisant trop sur les détails et pas suffisamment sur les éléments importants.
Cette méthode vous invite à identifier d’emblée « ce qui change ou varie ». L’objectif est de prévoir sur la base d’éléments factuels et concrets, à travers des simulations réalistes.

Il s’agit de se concentrer sur les variations par rapport au dernier compte administratifs (CA) ou Comptes Finances Uniques (CFU) connus ou votés, c’est-à-dire projeter les « plus » et les « moins » des prochaines années.
Par exemple, ce travail de recensement à vocation a intégrer la nouvelle location d’un bâtiment modulaire pour les écoles, le recrutement d’un agent ou la hausse des subventions aux associations, ou bien la construction d’un nouveau gymnase. En recettes, pourra être intégrée une nouvelle hausse des tarifs aux familles ou des impôts.
Obtenir les informations sur les prévisions : une approche collective
Pour anticiper les variations importantes, il est crucial de se rapprocher des élus et des responsables de service (techniques, RH, enfance jeunesse…). Ces acteurs clés peuvent fournir des informations précieuses sur les évolutions à venir, notamment en ce qui concerne les nouveaux projets, les changements de politique ou les réajustements budgétaires.
Par ailleurs, consulter le programme de la mandature en cours peut offrir des indications sur les orientations et priorités à moyen terme de la collectivité. Cela permet d’identifier les projets majeurs qui influenceront le budget et les ressources disponibles.
Il est essentiel de travailler de manière collective. Impliquez les différents acteurs dès le début de l’analyse afin de vérifier les informations et de vous assurer que toutes les variables importantes sont bien prises en compte. Une collaboration étroite avec les élus et les services concernés garantit une vision plus précise et complète de la situation financière future.
Attention toutefois à ne pas aller vers l’usine à Gaz. En effet, certaines estimations ne pourront pas être affinées et très précises. Ce n’est pas grave ! L’important est de rester dans une forme de cohérence. Des estimations faites simplement sont souvent plus efficaces que des estimations complexes mais sans recul précis sur une analyse globale.
Nous sommes convaincus qu’une approche globale, cohérente et essentiellement exhaustive sera plus efficace qu’une approche directement trop précise et détaillée.
Deux types de prévisions, deux approches pour les intégrer dans l’analyse :
1 : Les hypothèses globales
Ce sont des prévisions dont l’évolution est incertaine et difficile à estimer précisément lors de l’élaboration de l’analyse, telles que :
- L’évolution de l’inflation sur les dépenses de gestion courante et des travaux
- L’évolution de la masse salariale (à effectif constant).
- L’évolution des subventions versées aux associations.
- L’évolution de l’inflation des bases fiscales (produit des impôts)
- L’évolution des dotations de l’État et d’autres financeurs comme la CAF.
- L’évolution des taux d’intérêt bancaires.
Il est nécessaire d’estimer une hypothèse annuelle pour chacune de ces variables, avec la possibilité de les réactualiser au fur et à mesure des évolutions importantes.
Le recours à des sources d’information pour affiner les hypothèses
Pour bien estimer ces hypothèses, il est recommandé de s’appuyer sur des sources fiables.
Par exemple, pour l’inflation, la masse salariale ou les taux d’intérêt, les bulletins macroéconomiques de la Banque de France sont des références utiles, relativement simples à comprendre et pratiques Projections macroéconomiques | Banque de France (banque-france.fr)

Il est également conseillé de s’appuyer chaque année sur le Projet de Loi de Finances pour actualiser la projection financière de la collectivité. Ce document comporte une section dédiée aux collectivités territoriales, dans laquelle figurent les principales évolutions concernant les dotations, la fiscalité locale et d’autres mesures spécifiques. Le projet pour l’année suivante est généralement publié en septembre, dans le cadre des travaux parlementaires. En fin d’année, de nombreuses revues spécialisées ou organismes publient des synthèses des dispositions du PLF ayant un impact sur les collectivités.
2 : Les prévisions liées à des projets spécifiques
Ces prévisions concernent les projets que la collectivité prévoit de développer. L’intégration de ces éléments dans l’analyse peut se faire via des fiches projet. Ces projets peuvent concerner tant la section d’investissement que la section de fonctionnement, ou même les deux simultanément.
Les fiches projet permettent de structurer et d’organiser les informations utiles pour la projection financière. Elles offrent une méthode efficace pour mettre les idées et informations en ordre et les retranscrire clairement. Ces fiches pourront être mises à jour à tout moment pour affiner la prospective financière.
💡 Téléchargez un exemple simple de fiche projet (valable pour le fonctionnement ou l’investissement) [Cliquez ici]
Cette méthode est basée sur deux facteurs clés : le projet et l’hypothèse
3 : intégrer les autres variations
Il s’agit d’intégrer les autres variations qui viennent en complément des hypothèses globales ou des projets. C’est à dire, des changements ou éléments plus isolés, comme par exemple le renfort d’un service avec un recrutement complémentaire, le versement d’une subvention plus importante à certaines associations.
Intégrer les « plus » sans oublier les « moins »
En tant que gestionnaires ou conseillers, nous avons souvent tendance à nous concentrer sur les nouvelles dépenses, recettes ou projets, c’est-à-dire les « plus ». Cependant, de nombreuses simulations négligent trop souvent les « moins » : les dépenses récurrentes ou les projets passés qui ne se reproduiront pas. Ignorer ces éléments peut nuire à la fiabilité de l’étude.
Exemple de « moins » : fin du contrat triennal de prestation informatique (12 000 €/an), suite à décision de non renouvellement = à retirer des dépenses à partir de 2025.
Une mise à jour régulière nécessaire
Les hypothèses globales, les variations et le montant des projets doivent être mises à jour régulièrement (environ 2 fois par an) pour mettre un suivi pluriannuel le plus juste possible.
Pour résumer
Cette méthode vise à enrichir l’analyse en intégrant à la fois les nouveaux projets de la commune et les scénarios/hypothèses concernant l’évolution de certains postes budgétaires. Ces informations sont appliquées à partir du dernier exercice financier approuvé.
En procédant ainsi, il devient facile d’élaborer plusieurs scénarios et de mettre à jour l’analyse au fil des nouvelles informations disponibles.