Développer des projets en milieu rural grâce aux appels à projets : un levier à (re)découvrir

Dans les petites et moyennes collectivités, le développement de projets repose encore trop souvent sur un schéma classique : la collectivité initie l’idée, finance les études, porte les travaux, puis gère elle-même l’équipement ou le service. Ce modèle, bien que maîtrisé, montre ses limites dans un contexte de raréfaction des moyens humains et financiers.

Et s’il existait une autre voie, moins coûteuse, plus collaborative et parfois bien plus créative ? C’est tout l’intérêt des appels à projets, ou parfois intitulés « Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI »). Hélas, cet outil est assez méconnu et peu utilisé par les petites collectivités.

En mobilisant cet outil, même de façon expérimentale, les petites communes peuvent attirer des talents, valoriser leur patrimoine, et redonner du sens aux projets… tout en préservant leurs budgets.

🌱 Ce que permet un appel à projets

L’appel à projets ou AMI permet à une collectivité :

  • de favoriser l’émergence d’initiatives extérieures (entreprises, artistes, associations, etc.) en lien avec un objectif local ;
  • de ne pas porter seule l’investissement, voire de le déléguer totalement ;
  • de tester une idée, sans s’engager formellement ni financièrement au départ ;
  • de stimuler l’innovation en laissant les porteurs libres d’imaginer les modalités du projet.

🧩 Ce que l’AMI n’est pas (et pourquoi c’est important)

Un AMI n’est pas un marché public, même si une confusion est fréquente. C’est une procédure ad hoc, non codifiée dans la commande publique, qui permet d’exprimer une intention, un cap, sans formuler un besoin précis comme dans un marché.

⚠️ Cependant, pour éviter toute requalification en commande publique, il est indispensable de laisser une liberté de proposition au candidat. L’appel ne doit pas trop cadrer l’objet, ni dicter le projet à l’avance.

🧰 Comment construire un appel à projets ?

Voici les principaux éléments à intégrer dans l’appel à candidature :

  • Présentation de la collectivité et du territoire : contexte, spécificités, dynamique locale.
  • Principe et intention du projet : pourquoi lancer cet appel ? Quel enjeu local ?
  • Modalités de candidature : pièces à fournir, calendrier, critères de sélection.
  • Calendrier prévisionnel du projet.
  • Gouvernance prévue après sélection : concertation, suivi, accompagnement.

Il est important de veiller à une large diffusion (sites institutionnels, auprès des futurs candidats ,réseaux spécialisés, support d’annonce légale si mise à disposition de locaux ou recettes en jeu).

🧪 Quelques exemples concrets

🎨 Un transformateur en œuvre d’art

Plutôt que financer seule une fresque, une commune peut lancer un appel à artistes pour transformer un banal transformateur électrique en œuvre valorisant l’identité locale.

🏚️ Un local communal revalorisé

Un bâtiment ancien laissé vacant ? Pourquoi ne pas proposer à un porteur privé de le réhabiliter pour y installer une maison des artistes ou un commerce local, sans mobilisation du budget communal ?

🧑‍🎨 Faire vivre un équipement sans le gérer

Une petite salle d’exposition municipale est souvent coûteuse à gérer. Un appel à projets peut permettre de la confier à un artiste, un commerçant ou une association qui l’anime selon ses moyens, avec le soutien de la collectivité.

🧺 Un marché sans tout porter soi-même

Organiser un marché, une foire ou un salon du terroir est un excellent moyen de dynamiser un village, mais cela peut vite mobiliser beaucoup d’énergie.

Grâce à un appel à candidature diffusé de manière pertinente, la commune peut simplement mettre à disposition un espace public et un cadre général, en laissant commerçants, artisans, foodtrucks ou association organisatrice porter l’événement.

💡 Résultat : animation locale, retombées économiques et convivialité, sans avoir génèrer d’importants frais (et bien souvent une recette supplémentaire pour le budget communal au titre de l’occupation temporaire de l’espace public).

🔍 Zoom sur l’exemple de Saint-Thélo (Côtes-d’Armor)

Saint-Thélo, ancien centre du tissage du lin, a connu un fort exode rural. Pour reconstruire son identité, la commune a misé sur la valorisation de son patrimoine architectural et textile.

Grâce aux Nouveaux Commanditaires de la Fondation de France, un projet a vu le jour avec l’artiste japonais Tadashi Kawamata. Ce dernier a redonné vie à trois maisons de tisserands en s’appuyant sur des workshops collectifs. L’œuvre « Mémoire en demeure » a relié passé et avenir, patrimoine et création contemporaine.

Ce projet, porté hors commande publique, a mobilisé artistes, étudiants, habitants, créant une dynamique forte et une nouvelle attractivité pour le village.

👉 Mémoire en demeure | Les Nouveaux commanditaires

Les Nouveaux Commanditaires
C.Nicolas. https://www.laroutedulin.com/

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