Face aux multiples défis des territoires — complexité croissante de l’action publique, surcharge administrative, raréfaction des moyens — l’intelligence artificielle (IA) n’est pas un luxe : c’est un progrès. Et comme tout progrès, il serait dommage de ne pas l’utiliser.
L’IA : un vieux concept, un tournant technologique récent
L’idée de doter les machines d’une forme d’intelligence ne date pas d’hier. Dès les années 1950, des chercheurs imaginaient des systèmes capables de simuler des comportements humains : raisonnement, planification, reconnaissance, apprentissage.
Depuis, l’IA a discrètement fait son chemin :
- les correcteurs automatiques ;
- les suggestions de mots dans les messageries ;
- les prédictions dans les moteurs de recherche ;
- les adversaires virtuels dans les jeux vidéo…
Mais ces usages étaient encore très limités.
Ce qui change tout, depuis le début des années 2020, c’est le progrès technologique récent :
- Des processeurs capables d’analyser des milliards d’informations à la seconde ;
- Des capacités de stockage quasiment illimitées ;
- Et surtout, le développement du deep learning, qui permet aux machines d’apprendre par elles-mêmes à partir de données massives.
Des outils comme ChatGPT, Mistral, Claude ou Gemini ne sont que les premières vitrines d’un basculement plus large.
Un progrès comme les autres… à ne pas rater
L’histoire nous offre plusieurs exemples de ruptures technologiques majeures qui ont transformé le quotidien :
- L’électricité a mis fin aux lampes à huile et aux lampistes, tout en déclenchant l’industrialisation et le confort moderne ;
- L’eau potable et les égouts ont supprimé la corvée des porteurs d’eau, tout en améliorant la santé publique ;
- Le téléphone a remplacé les messagers et transformé les échanges à distance.
À chaque fois, des métiers ont évolué, certains ont disparu, mais les territoires se sont modernisés et enrichis. Les habitants ont gagné en qualité de vie, les acteurs locaux en efficacité.
Ne pas saisir l’opportunité de l’IA, aujourd’hui, serait comme avoir refusé l’arrivée de l’électricité ou de l’eau courante au nom de l’habitude ou de la peur.
Oser l’IA, c’est aussi dépasser son égo
Certes, il peut être dérangeant de constater qu’un outil informatique peut :
- rédiger un mail plus vite que soi,
- reformuler un texte de manière plus fluide,
- produire une synthèse administrative en quelques secondes.
Mais ce n’est pas une remise en cause des compétences humaines. C’est une libération de charge mentale. Un gain de temps pour faire autre chose de plus important : décider, rencontrer, écouter, arbitrer, accompagner.
Il faut laisser l’ego de côté et se concentrer sur ce que l’IA peut offrir aux agents et aux élus pour recentrer leur action sur ce qui a du sens.
Télécharger un support pour présenter l’IA aux agents et élus
ELanRural vous propose un diaporama pour vous aider à présenter l’IA de manière simple et pédagogique (vulgarisation)

Des usages concrets pour les petites collectivités, dès maintenant
Contrairement aux idées reçues, l’IA n’est pas réservée aux grandes villes ou aux laboratoires de recherche. Des usages simples, immédiatement mobilisables existent :
- Générer un compte-rendu ou une synthèse de réunion ;
- Corriger ou reformuler des documents ;
- Créer des visuels pour la communication ;
- Traduire des contenus ;
- Rédiger des notes d’analyse ou des réponses administratives ;
- Structurer un tableau, une fiche ou un argumentaire.
Et tout cela sans coût logiciel important, sans infrastructure dédiée.
Le rôle central du prompt
La qualité du résultat obtenu par l’IA dépend directement de la manière dont on formule sa demande. C’est le principe du prompt. Pour un usage efficace :
- 🎯 Soyez clair : pas de place à l’ambiguïté.
- 📍 Apportez du contexte : c’est essentiel pour que la réponse soit bien ciblée.
- 🧱 Structurez votre demande : demandez une fiche, un tableau, un plan si c’est ce que vous attendez.
- 🎯 Orientez le résultat : dites ce que vous voulez obtenir, pour qui, dans quel objectif.
🔍 Exemple :
« En tant que secrétaire générale de la Commune de l’ELanCampagne, je réalise une veille sur l’actualité Fais-moi une synthèse claire et vulgarisée du rapport de l’ANCT sur l’urbanisme en milieu rural (document en PJ), en insistant sur les impacts pour une commune comme la nôtre de 3 000 habitants située en zone naturelle. »
Avec cette méthode, une secrétaire de mairie, un agent ou un élu peut gagner plusieurs heures tout en produisant un contenu sur-mesure.
Encadrer l’usage : transparence et maîtrise
Comme pour la gestion des données personnelles (RGPD), les usages de l’IA doivent être encadrés. Cela permet de garantir la transparence, l’éthique, et d’éviter les dérives ou les incompréhensions.
▶ Ce que nous préconisons :
- Dresser un recensement des outils IA utilisés au sein de la collectivité ;
- Formaliser une liste d’usages autorisés, validée en CST ou par l’exécutif ;
- Former les agents et les élus à l’utilisation responsable des IA ;
- Définir une charte (ou intégration à la charte informatique) ou un cadre local d’usage (y compris ce qui est interdit).
Ce cadre n’est pas contraignant : il est protecteur. Il permet d’innover dans un périmètre clair.
Une IA au service du terrain, pas du bureau
L’un des apports majeurs de l’IA est de réduire le temps passé à produire des tâches administratives sans forte valeur ajoutée.
Ce temps, libéré par l’IA, peut alors être reconsacré au terrain :
- plus de lien avec les habitants ;
- plus de présence dans les réunions partenariales ;
- plus de temps pour comprendre les besoins réels du territoire.
Loin de remplacer les agents, l’IA les aide à retrouver leur cœur de mission.