La DGFIP a récemment mis en ligne une carte interactive permettant de consulter les taux de taxe foncière par commune et de les comparer avec d’autres territoires :
👉 Consulter la carte officielle
La taxe foncière : pourquoi le taux ne veut (presque) plus rien dire
À première vue, l’outil peut sembler intéressant… mais il est trompeur.
En réalité, le taux seul n’a pas de valeur significative car il repose sur des bases fiscales (les valeurs locatives cadastrales) figées depuis la fin des années 1960 et très inégalement réparties entre les territoires. Ces bases n’ayant pas été révisées en profondeur depuis plus d’un demi-siècle, elles génèrent aujourd’hui des situations obsolètes, voire injustes.
👉 Nous en parlions déjà dans un précédent article.
D’autres regards plus objectifs
Pour comprendre la pression fiscale réellement exercée sur le contribuable, il faut aller au-delà du seul taux communal. ÉlanRural propose donc deux angles complémentaires :
1️⃣ Comparer le taux et le produit réel de taxe foncière par habitant
- Certaines communes affichent des taux très élevés… mais perçoivent en réalité peu de taxe par habitant, car leurs bases fiscales sont faibles (ex. la Mayenne).
- À l’inverse, certaines communes, notamment en Île-de-France, appliquent des taux relativement bas mais génèrent un produit fiscal important, grâce à des bases très élevées.
📍 Cela montre à quel point le taux est un indicateur trompeur, sans lien direct avec l’effort financier réellement supporté par les habitants.
🗺️ElanRual met également à disposition une carte interactive représentant les montants de Taxe Foncière par habitant et par commune : 👉accéder en cliquant ici
2️⃣ Mesurer la part du revenu des habitants consacrée à la taxe foncière
Même si le foncier n’est pas un impôt proportionné au revenu, ce regard croisé est essentiel : il permet d’évaluer le poids réel de la cotisation dans le budget des ménages et donc la justice fiscale locale.
Les deux cartes ci-dessous soulignent le caractère inéquitable de la taxe foncière. Plus le revenu moyen par habitant est élevé moins la cotisation de Taxe Foncière pèse par rapport aux ressources du foyer.
Bien que la TF soit un impôt sur le « sol » et le « bâti », elle reste déconnecté de la réalité actuelle est terme des revenus réels des contribuables.
Des contributions moindres pour le budget des petites collectivités
La cotisation moyenne de taxe foncière bâtie par habitant varie fortement selon la taille des communes :
- < 500 hab → 281 € / hab
- 500 – 1 999 hab → 356 € / hab
- 2 000 – 9 999 hab → 495 € / hab
- 10 000 – 49 999 hab → 634 € / hab
- 50 000 – 199 999 hab → 670 € / hab
- 200 000 hab et + → 687 € / hab
- Moyenne nationale (toutes communes) → 540 € / hab
👉 plus la commune est peuplée, plus la cotisation moyenne par habitant est élevée.
Le produit de TF par habitant d’une métropole est en moyenne plus du double de celui d’une très petite commune (< 500 hab).
- Les communes rurales et de petite taille disposent de bases fiscales limitées par habitant.
- Pour équilibrer leurs budgets, elles doivent souvent appliquer des taux plus élevés, ce qui donne une image faussement défavorable lorsqu’on ne regarde que le pourcentage.
- Les communes urbaines, mieux dotées en bases, bénéficient d’un potentiel fiscal beaucoup plus important, même avec des taux modérés.
Une évolution nécessaire
📌 Conclusion : il est urgent de changer de regard sur la fiscalité locale.
Analyser uniquement le taux est un raccourci trompeur. Seuls les montants réels par habitant et leur rapport au revenu permettent d’appréhender la pression fiscale effective et les inégalités entre territoires et entre les habitants.